Praxis Imaginale de la Durée
La praxis imaginale de la durée est le cœur de mon travail artistique.
C’est une manière d’entrer dans les images; celles que nous voyons, celles qui nous traversent, celles qui remontent du rêve ou de la mémoire, pour comprendre comment elles se transforment et comment elles nous transforment.
Cette praxis s’appuie sur un temps particulier : la durée imaginale, une temporalité intérieure, non linéaire, où l’on avance souvent par cercles, par retours, par éclats.
Un temps qui ne cherche pas l’efficacité, ni la production, ni la preuve, mais la résonance.
Un temps où les formes changent sans cesse, parfois imperceptiblement, parfois brutalement, comme si l’invisible continuait de travailler même quand nous n’y pensons plus.
Dans cet espace-temps, la création n’est pas une technique: elle devient une manière d’habiter le monde imaginal.
Je travaille à partir de rêves, de souvenirs, de gestes symboliques, d’images réelles ou hybrides.
Les photographies (combinées à la surimpression, à la peinture, au numérique) deviennent des formes où le psychique se dépose, se déplie et se reforme.
C’est là qu’intervient ce que j’appelle la photographie temporelle : une image qui ne fige pas un instant, mais qui saisit un mouvement intérieur. Elle semble stable, mais elle agit.
Elle continue de bouger à l’intérieur de celui.celle qui la regarde, comme si elle gardait la trace d’une transformation en cours.
Elle ne montre pas le réel : elle montre ce qui cherche à émerger.
La praxis imaginale de la durée est faite d’allers-retours constants : observer une image, la laisser agir, créer, ressentir, questionner, revenir en arrière, avancer, recommencer.
Elle mêle intuition, expérience, symbolisation et analyse.
Elle n’est jamais figée, toujours en mouvement, comme l’inconscient lui-même.
Aujourd’hui, cette démarche trouve un terrain d’exploration privilégié dans Fragments d’invisibles, ma recherche-création autour de la honte.
Les images y traversent la durée imaginale, les archétypes, les récits intérieurs et les gestes symboliques pour révéler ce qui, en nous, était resté silencieux.
La praxis imaginale de la durée n’est pas une méthode. C’est un chemin.
Un espace où les images nous guident, parfois malgré nous, vers une compréhension que les mots seuls ne peuvent atteindre.



