Corpus 4 - Poupée
- Kim Leleux
- 14 août
- 3 min de lecture
Introduction
Ce corpus explore la honte de l’apparence et la manière dont elle s’ancre dans les normes sociales, en particulier celles qui régissent le corps féminin.
La poupée, symbole d’un idéal de beauté standardisé, sert ici de support métaphorique. Par la mise en scène, la fragmentation, la dissimulation, la destruction puis la transformation visuelle, ces images interrogent :
comment le corps est modelé par le regard normatif,
comment la honte de l’écart à cet idéal s’installe,
et comment la création peut devenir un outil de déplacement émotionnel.
Le travail photographique ne se limite pas à illustrer une idée : il agit comme médiation symbolique, permettant de transformer une émotion subie (ici, la honte) en matière visible, manipulable, donc potentiellement réappropriable.

Fragment 1 – Visage confisqué
Poupée derrière des barreaux improvisés, visage obstrué par des matières végétales.
→ Symbolise l’enfermement dans des standards imposés et la confiscation de l’identité individuelle.

Fragment 2 – Paillettes sur dépouille
Matière organique dégradée recouverte de paillettes dorées.
→ Évoque la dissimulation de la dégradation ou de l’usure corporelle sous une couche décorative ; la honte devient moteur de consommation.

Fragment 3 – Camouflage forcé
Fragment de visage de poupée dissimulé sous de larges feuilles.
→ Représente l’auto-effacement, la dissimulation forcée de soi pour éviter la comparaison ou le jugement.

Fragment 4 – Effacement par le feu
Main tenant un morceau de visage de poupée en train de brûler, devant un miroir flou.
→ Figure du rejet radical de l’image imposée, destruction de l’icône esthétique pour se réapproprier son corps réel.

Fragment 5 – Reconfiguration
Image retravaillée de la poupée entière, contours accentués, teintes rosées, composition onirique
.→ Illustration de l’hypothèse de recherche : la transformation esthétique et symbolique permet de déplacer la honte et de modifier le rapport émotionnel à l’image initiale.
Analyse transversale – Corpus 4 : Poupée, honte de l’apparence
Mécanismes de honte explorés :
Objectification (Fredrickson & Roberts) : se percevoir comme une image pour autrui, entraînant honte corporelle et auto-surveillance.
Normes esthétiques : jeunesse, minceur, uniformité, hyper-disponibilité du corps féminin.
Auto-effacement : disparition volontaire ou forcée de certaines parties de soi jugées “non conformes”.
Révolte et dés-identification : destruction symbolique de l’image normative.
Processus photographique :
Mise en scène avec matériaux et décors choisis pour leur potentiel symbolique.
Fragmentation et recomposition de l’objet (poupée) pour matérialiser les étapes émotionnelles.
Post-traitement créatif (dans le dernier fragment) comme acte de reconfiguration émotionnelle.
Hypothèse de recherche :
Ce n’est pas une seule image qui opère le déplacement émotionnel, mais la succession et la mise en lien de toutes les étapes.
Le corpus fonctionne comme un cheminement visuel : de l’exposition forcée à la dissimulation, de la destruction à la recomposition.
Fragment 5 (Reconfiguration) est à considérer comme une piste expérimentale, un moment d’ouverture dans le processus, plutôt qu’un point de clôture définitif.
Laisser ce dernier geste ouvert permet d’envisager que la clôture prenne d’autres formes : une image supplémentaire, un triptyque final, ou l’intégration d’autres personnes dans la démarche.
L’apport de participants, notamment à partir des réponses au questionnaire et des images archétypales (comme celle de “La Parfaite”), pourrait enrichir ce corpus et en proposer une résolution collective autour des normes de beauté et de la honte corporelle.
Participer à la recherche : répondre au questionnaire
Prendre contact : +32472699552
Commentaires