Corpus 7 - La honte tue
- Kim Leleux
- 9 sept.
- 2 min de lecture

La honte n’est pas une petite gêne.
Ce n’est pas un rouge aux joues qui s’efface.
La honte, quand on l’impose, quand on la tait, quand on la replie dans le silence, devient un poids.
Un poids qui écrase le souffle.
Un poids qui fait ployer la nuque.
Un poids qui, jour après jour, pousse vers l’abîme.
Je le sais : j’ai senti ce poids au point de rêver la mort comme un soulagement.
Non pas par désir de mourir, mais pour échapper à l’étranglement.
Parce que la honte, laissée sans forme, devient corde.
Une corde invisible, mais réelle.
Elle pend les plus vulnérables, pieds dans le vide, suspendus dans une société qui détourne les yeux.
La honte sociale tue.
Elle tue ceux qui sont trop.
Elle tue ceux qui ne sont pas assez.
Elle tue ceux qui n’entrent pas dans le moule.
Je témoigne parce qu’il faut le dire : ce n’est pas nous qui devrions avoir honte d’exister.
C’est la société qui devrait avoir honte d’imposer le silence à ses fragiles.

La honte chronique n’est pas une simple émotion passagère. Des cliniciens ont montré qu’elle peut devenir un facteur majeur de dépression et de suicide, une véritable force d’annihilation lorsqu’elle reste enfermée sans parole ni reconnaissance.
Quand la honte ne trouve pas de forme pour s’exprimer, ni image, ni récit, ni témoin, elle se retourne contre le sujet, rongeant son souffle et sa vitalité jusqu’à pousser au bord du vide.
Mon processus artistique, en déposant cette expérience dans l’image et le texte, me permet de transformer ce qui pourrait tuer en une preuve vivante : un acte symbolique qui rend visible, qui témoigne, et qui, déjà, ouvre un chemin de survie.
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