L’épingle et la lumière
- Kim Leleux

- 8 juil.
- 2 min de lecture
Fragments d'invisibles
Parfois, une émotion nous cloue.
Une absence.
Un silence.
Une fracture.
Parfois, on tient encore debout, mais c’est une épingle qui nous traverse.
Alors on croit qu’on est en train de mourir.
Mais non.
On est en train de voir.
Voir ce qui nous affecte. Voir ce qui nous fige.
Voir que ce qui nous empêche de voler n’est pas toujours un ennemi, mais une mémoire, une peur, une honte ancienne, un amour sans réponse.

C’est là que commence mon travail de recherche.
Depuis plus de dix ans, j’explore l’image comme un langage de l’invisible.
Par la mise en scène, la photographie symbolique, les objets fragiles, les gestes silencieux, je cherche à donner forme à ce qui ne trouve pas toujours de mots.
Mon projet Fragments d’invisibles est né de cette quête :comment rendre visible ce qui, en nous, se tait ?
Comment représenter la honte, cette émotion souterraine qui isole, qui déforme notre perception de nous-même et des autres ?
Comment transformer ce poids invisible en un acte de création ?
Je n’ai pas de solution.
Mais j’avance.
Je questionne.
Je fabrique des images comme on fabrique des ponts.
Je crée des rituels visuels, des scènes où l’émotion peut être regardée autrement, déplacée, remise en mouvement.

Ce papillon épinglé, par exemple, pourrait sembler figé, mort.
Mais il dit autre chose.
Il dit :
“Regarde. Même transpercé, je reste beau. Même immobile, je peux être signifiant.”
À travers cette image, je cherche à poser une question : qu’est-ce qui, en nous, est encore cloué ? Et que faudrait-il pour le libérer ?
Car la honte, souvent, nous immobilise.
Elle nous fait croire que notre vulnérabilité est une faute.
Elle nous pousse à cacher, à nous taire, à camoufler notre vérité.
Mais je crois qu’en créant, en osant représenter nos états intérieurs avec soin, avec lenteur, avec symboles, nous pouvons déplacer quelque chose.
Pas guérir, pas effacer. Mais ouvrir un espace.
Un espace où l’émotion n’est plus une ennemie, mais une matière. Un espace où le regard, le nôtre, celui des autres, devient un outil de compréhension et de reliance.

Dans ce projet, je ne cherche pas à “aider” ni à “soigner”.
Je cherche à questionner les formes.
À créer des lieux sensibles de pensée et d’image, où l’on peut se retrouver face à soi-même sans violence, où l’on peut traverser ses invisibles sans attente.
Et peut-être, par ce processus patient, artisanal, symbolique, contribuer à faire évoluer les regards que nous portons sur nos propres émotions, et sur celles des autres.`
Car plus nous apprenons à nous connaître, à nommer ce qui nous traverse, plus nous pouvons construire un monde plus juste, plus accueillant, plus libre.
Et si nous devons parfois passer par l’immobilité, par le silence, par l’épingle... alors que cela serve, au moins, à créer de la beauté et un pas de plus vers l’authenticité.
Envie d'en savoir plus sur mon projet : Fragments d'invisibles
Me contacter pour collaborer: +32472699552
Participer au projet: répondre au questionnaire







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